L'odeur était insoutenable. L'odeur du  sang séché, des cadavres brûlés, de la boue et de la sueur. L'odeur du champ de bataille. L'odeur de la guerre. Cette odeur, elle s'y était habituée depuis de nombreuses années. Désormais, chaque bataille se ressemblait. Il s'agissait des mêmes cris, des mêmes supplications. Elle voyait les corbeaux, signe de la présence d'Odin, observer le spectacle avant de se régaler des cadavres ennemis mais aussi amis. En quelques heures, des centaines de guerriers avaient quitté ce monde et étaient montés au Valhalla. Car pour eux, la mort n'était  pas une fatalité. Elle était le début d'une nouvelle vie.

Alors qu'elle arpentait la plaine, trébuchant sur des cadavres encore chauds, son épée couverte de sang coagulé, Camille tomba à genoux et elle poussa un cri semblable au hurlement d'un loup. La bataille était terminée, et ils avaient gagné. Elle ferma les yeux et remercia les dieux pour cette victoire, sans prendre en compte le sang qui coulait de sa jambe.